La Rencontre [PV Yuki]

C'était encore une nouvelle journée qui s'offrait à moi. Mon nom ? Yuki Heartfilia, aussi connue sous le surnom de la Chasseuse de Démons ou encore la tueuse de Yokais. Oui, tout ces surnoms sont les miens. Mais pour faire plus simple, je demande à ce que l'on m'appelle Yu'. Je trouve cela bien plus joli que tout les surnoms de guerrière que l'on me donne.

Je suis une Demi-Ayakashi, et aussi une lointaine cousine des Yokais, que je déteste d'ailleurs au plus haut point. Mais ce lien de parenté me rajoute justement quelques avantages, donc je ne m'en plains pas, même si je ne suis pas du genre à le crier sur tout les toits. Je suis d'ailleurs un peu solitaire dans l'Agence que je sers mieux que quiconque. En clair, je suis une belle jeune femme-guerrière de dix-huit ans, tout en beauté et en force.

Driiiiiiiiinnnng ! Je me réveille lentement, m'étirant et baillant sans retenue. Déjà une nouvelle journée qui commence pour moi, alors que je viens à peine de finir la précédente ! Je souris et soupire à la fois. Grâce à la réputation que je me suis forgée, on m'avait confié plusieurs missions de nuit depuis quelques temps. Elles n'étaient d'ailleurs pas de tout repos, la preuve ! J'en avais encore de légères cernes violettes en dessous de mes yeux. J'arrête mon réveil qui sonne à tue-tête et regarde autour de moi. La chambre est totalement vide, il n'y a que moi qui dort ici. Car j'ai beau avoir un bon statut au boulot, la sociabilité n'a jamais été mon fort.

Je me lève doucement et replace les quelques mèches de cheveux en bataille derrière mes oreilles, en attendant de les coiffer. Aujourd'hui, j'avais quoi de prévu, déjà ? Hum.... Ça y est, je sais ! J'avais un rendez-vous avec une personne aussi importante que moi dans l'Agence. Je me tapote sèchement le crâne. J'ai encore faillit oublier cet évènement ! Pourtant je devrais m'en souvenir, car ce n'était pas souvent que j'avais l'occasion de rencontrer des gens comme moi. Enfin bref.

Je regarde parmi les nombreuses tenus que je possède dans ma garde-robe, et opte pour l'une des plus simples et mignonne. J'enlève ma chemise de nuit, et la pose bien pliée sur mon lit. Je n'aime pas vraiment que ma chambre soit en désordre. J'attrape mon T-Shirt court et l'enfile par dessus mon soutient-gorge. Soudain, j'entends que l'on rappe à ma porte. Je n'ai pas vu l'heure ! Je commence donc à mettre mon mini-short en vitesse tandis que des mots me parvienne à travers la porte.

-Mademoiselle Yuki, pressez-vous ? Votre rendez-vous est dans cinq minutes !

Puis les bruit de talons aiguilles s'éloignent peu à peu. Cinq minutes ?! C'est peu, mais ça devrait le faire. Je me chausse avec mes bottines marrons et me regarde dans le miroir, histoire de vérifier si mon apparence est correcte. Plus que la coiffure. Je décide donc de faire un chignon avec mes longues mèches blanches comme la neige, et sort en vitesse de mon logement.

-Vous savez que vous n'allez pas à un rendez-vous galant, mademoiselle Yuki !

Je sursaute et me tourne d'un bloc vers la provenance de la voix. Je reconnais avec soulagement Syela, la messagère qui a choisi aussi d'être ma suivante, ainsi que ma seule amie, d'ailleurs.

-Tu m'as fait peur, Syela !

L'autre jeune femme garde son expression sérieuse, mais je sais qu'elle est contente de me voir. Je lui souris alors et nous descendons toutes deux vers le rez-de-chaussé de la Ayakashi Town. Syela me conduit dans le salon réservé aux rendez-vous, et je vois, assise sur l'un des sofas, une femme un peu plus âgée que moi sans doute à la longe chevelure écarlate. Syela reste à la porte tandis que je m'avance vers elle et demande, d'un ton poli et amical à la fois:

-C'est bien toi que je dois rencontrer ?

Son visage me dit quelque chose. Quoi ? Impossible de savoir. Cette impression de déjà-vu... J'ai beau me creuser la tête, je ne sais plus si j'ai déjà rencontré cette femme par le passé ou non.

L'autre jeune femme m'indique alors un fauteuil aux coussins de velours rouge brodé de noir, sur lequel je dois apparemment m'asseoir. J'enlève aussitôt mon sourire de façade quand je vois son air dur. Elle n'a pas l'air spécialement enjouée ni quoique ce soit d'autre. D'ailleurs, son expression en elle-même pourrait presque flanquer la frousse à un enfant.

Tout en prenant place sur le siège, je soupire. J'espère bien ne pas être venue pour ces entretiens ennuyeux et bien trop sérieux dans lesquels tout le monde fait la gueule et écoute un discours encore plus lassant que le reste. Mais après tout, ce n'est pas vraiment moi qui décide, alors bon.

- Oui effectivement, c'est moi ! Ton nom et ton prénom je te prie !

Je redresse la tête, le visage de marbre, comme à chaque fois que j'ai une discussion qui me semble d'avance tendue. Un semblant d'expression sérieuse s'affiche sur mon visage à la peau blanche, même si traverser mon regard et deviner ce que je pense est très compliqué à partir de ces instants. Je réponds alors d'un ton poli:

- Je me nomme Yuki Heartfilia, l'une des meilleures agents SS de la Maison.

Je n'ajoute rien de plus, puisque de toute manière je ne pas spécialement envie de taper la causette. En tout cas, je ne le ferais pas tant que l'autre tirera cette mine là.

Son expression si austère et froide il y a à peine trente seconde devient alors douce, mais le changement ne me décrispe pas pour autant. Cette fille, qui me rappelle vaguement quelqu'un, est-elle lunatique ? Je pencherais vers une réponse positive.

De sa bouche étirée en un sourire radieux s'échappèrent ces quelques mots:

-Enchantée ! Je me présente, Adelheit Yurio ! Tu as sûrement entendu parler de moi, je suis aussi une agent SS de classe élevée !

Je ne réponds pas tout de suite, vu que je sens qu'elle va ajouter quelque chose. J'affiche un sourire quelque peu bredouille. Je ne veux pas lui casser le moral, mais en fait.... Je n'ai absolument jamais entendu cela jusqu'à aujourd'hui, même si son nom me dit quand même quelque chose. Peut-être que des rumeurs courent sur elle, je ne le nie pas ! Seulement, si ça s'avère vrai, cela n'est jamais remonté jusqu'à mes deux écoutilles.

La jeune femme en face de moi se redresse, son expression ne changeant pas d'un pouce. Elle me tend alors une pile d'affaires avec des papiers au sommet et me dit:

- Voici ton uniforme du lycée, quelques affaires qui pourraient t'être utile dans ton séjour ici et les papiers pour être l'adjointe de la chef des SS ! Le QG m'a chargé de te les faire remplir.

Elle semble très enthousiaste, tant mieux pour elle après tout ! Je prends les affaires, les mains tremblantes, et les pose à côté de mon fauteuil avant de prendre les papiers en question. Une fois un stylo correct sortit de ma poche, je les remplis de ma belle écriture ondulée, tandis qu'Adelheit ajoute:

-Si tu as besoin de quoique ce soit, viens me voir dans ma chambre. Elle est au premier étage pour trois.

Je lève les yeux de ma feuille et la regarde vaguement. Je ne pense pas que le "pour trois" était à préciser, mais après tout, c'est peut-être une marque d'affection, donc je ne vais pas m'en plaindre !

Je finis d'écrire et signe avant de tendre la liasse de papiers à ma "collègue", si je peux l'appeler ainsi. Elle sourit toujours, mais son regard est redevenu sérieux. Elle me fait penser à moi, plus petite. Je passe ma main sur mon visage. Pourquoi est-ce que ça me revient maintenant ? Peut-être que son visage... Non, franchement je ne vois pas pourquoi... Mais...

J'observe Adelheit se lever pour aller chercher je-ne-sais-quoi dans la remise située à côté du salon, tout en restant plongée dans mes pensées. C'est bizarre qu'elle me rappelle quelqu'un à ce point, tout de même. Je cherche alors dans mes souvenirs, loin, très loin, aussi loi que le peux, en essayant de me rappeler nettement les images.

Il y a une petite fille, pâle avec de longs cheveux blancs, qui joue dans un parc, seule, à l'écart des autres. C'est l'hiver. Elle lance des boules de neige contre les attractions en riant, et ferme les yeux pour ajuster sa précision. C'est alors qu'elle entend un petit cri, juste à côté. Elle les rouvre, et voit une fillette de son âge, les cheveux et les yeux rouge écarlate, au visage couvert de neige. L'autre petite fille s'était excusée en faisant d'innombrables courbettes, mais celle aux cheveux vif s'était mise à rire devant son attitude.

Elles se donnèrent rendez-vous dans ce parc chaque semaine, pour jouer ensemble, étant devenues amies. Elles ne connaissaient pas le prénom l'une de l'autre, elles s'étaient alors donné des surnom. La petite aux yeux mauves se faisait appeler Loupy, et celle aux cheveux rouges Scarlett. Elles s'amusaient toutes deux parfaitement bien, utilisant leurs pouvoirs qu'elles avaient découvert presque en même temps.

Mais un jour, Scarlett ne vint pas. Loupy resta seule, dans le parce, entourée d'autre enfant, mais pas de celle qui était devenue sa meilleure amie. Elle revint la fois suivante, et encore, mais plus jamais elle ne revit Scarlett.

J'émerge brusquement, et sans même voir qu'Adelheit était revenue, je sursaute si fort que j'en bondit de mon siège. Je la fixe, les yeux écarquillés, avant de demander:

-Tu es... Scarlett ???

J'en suis presque certaine que c'est elle. Et je ne me trompe que rarement.

Je suis toujours debout, la bouche grande ouverte, fixant Adelheit d'un air béat. Je me trouve ridicule, d'ailleurs. Mais pourtant, je reste dans cette position, en quelque sorte paralysée par ce que je viens d'apprendre. Ou plutôt, de trouver.

Mon amie d'enfance, dont je sonnais désormais le véritable prénom, a fait un pas vers l'arrière pour éviter que je ne lui marche dessus, et elle a bien fait, car les talons de mes bottines font extrêmement mal, et si l'on ne me crois pas, il suffit de demander à cette pauvre Syela, qui en a fait l'expérience quelques jours plus tôt. J'avise quand même à fermer mes lèvres, car cela devient un peu stupide.

Adelheit s'approche de moi, un sourire triste fendant son visage souriant une minute plus tôt. Je vois aussi que son regard s'est voilé, comme si elle regrettait que je ne m'en sois pas aperçu plus tôt. Cela vient d'ailleurs se confirmer dans ses paroles lorsqu'elle me serre contre elle:

-Tu n'avais donc pas encore compris... Loupy ?

Je me relâche dans ses bras, ayant envie de pleurer de joie, ce que je ne fais pas, bien entendu. C'est si bon de la revoir, alors que je pensais qu'elle avait disparu. Je m'écarte lentement d'elle et lui dis les yeux souriants et tristes à la fois, semblables aux siens:

-Oh, je suis si heureuse de te revoir ! Je te croyais disparue depuis ce jour !

J'ignore royalement le bruit que font les clefs qu'Adelheit m'a passées lorsqu'elles tombent de mes mains. Je sens comme une vieille partie de moi-même retrouvée. Et cela, ne peut me faire que du bien.

-Oui, c'est très long à expliquer en fait ! Du coup je préfère t'en parler plus tard, tu ne m'en veux pas ?

Je soutiens son regard joyeux aussi rouge que le sang. Elle m'avait dit d'ailleurs, quand nous étions petites, que cette couleur faisait peur aux autres, et donc que cela faisait qu'elle n'avait pas d'amis à part moi, elle aussi. J'avais oublié à quel point ils étaient brillants, d'un rouge pur et charmant, même. Nous avons toutes deux grandi et changé, mais dans notre coeur, malgré toute cette séparation, notre amitié est restée la même, impossible à briser.

Sa chevelure est restée flamboyante également, comme le soleil lorsqu'il disparaissait à l'horizon. Je la trouve plus belle que moi, elle peut presque me rendre jalouse !

Mais ce n'est pas le moment, alors je chasse cette pensée et lui réponds, tout sourire:

-Bien sûr que non. J'ai eu également une adolescence mouvementée et complexe.

Une question me brûle les lèvres au sujet de mon nouveau maître, et je m'empresse alors de la lui poser, sans même lui laisser le temps d'ajouter quoique ce soit:

-Au fait, mon nouveau maître est-il arrivé ? Quel est son nom, tu le sais je suppose, non ?

Je plaque aussitôt mes deux mains sur ma bouche, regrettant mes paroles à l'instant même où je vois le sourire d'Adelheit s'évaporer en fumée. Je m'attends au pire. Mon maître est-il si horrible que cela ? Serait-ce un ennemi de ma meilleure amie ? Aïe aïe aïe ! Rien que d'y penser, je m'en mords les doigts, me crispe comme si l'on avait annoncé la fin du monde.

Enfin, la jeune femme semble revenir dans la pièce, avec moi, et je fixe ses lèvres, tétanisée, tandis qu'elle déglutit avec une difficulté non dissimulée:

-Oui j'en ai entendu parler ! Il se nomme Üboelblätt Death Queen... Et ...

Et quoi ? C'est un mutant ? Un homme perverti ? Son ex qu'elle ne peut supporter ? Un monstre ? Quoique, s'il est un monstre, on a de nombreux points communs, alors. Je me prépare à ce qui va s'ensuivre, je ferme les yeux, et je dois bien dire que je m'attendais à tout, sauf à ça:

-C'est mon frère jumeau...

Je manque de tomber à la renverse et soupire bruyamment. J'ai faillit faire une crise cardiaque juste parce qu'il est son frère jumeau ? Et ben, il allait falloir que j'apprenne à ne pas me morfondre pour trois fois rien. Elle ne m'avait par contre jamais dit qu'elle avait un frère jumeau. Étrange... Je rouvre mes yeux mauves pour les planter dans le regard rouge d'Adel et demande, en adoptant tout de même plus de prudence cette fois:

-Mais... Tu n'es pas heureuse qu'il soit de retour et que ce soit moi qui le serve ?

A moins que ce ne soit un briseur de serviteurs, je ne vois pas où se trouve le problème, ni pourquoi mon amie Scarlett tire cette tête. J'ajoute aussitôt, craignant de l'avoir blessée de nouveau:

-Excuse moi, je... Je n'aurais pas dû te poser cette question...